Lectio Désert et conversion

Évangile selon saint Matthieu 3, 1-12

Le temps de la préparation

« Dieu, fais-nous revenir. »
(Ps 79, 4)

Le temps de l’observation

Jean le Baptiste, figure emblématique de la prophétie, ne ménage pas ses contemporains. Il ne cherche pas à leur plaire mais à les « réveiller », à les sortir de cette fausse assurance que donne le fait d’être fils d’Abraham, d’appartenir à une communauté religieuse millénaire. Il les appelle à la conversion, c’est-à-dire à se retourner vers Dieu et à rompre avec des attitudes intérieures et des comportements non ajustés à la Torah, qui les éloignent du Seigneur et de leur vocation profonde. Celle-ci ne prône-t-elle pas le respect de Dieu et du prochain, premier et dernier mots du Décalogue dans sa version hébraïque (cf. Ex 20, 2-17) ? Ce qui suppose de ne pas empiéter sur la place et les droits de l’Un et de l’autre et oriente vers la prière fervente, la quête de la voie à suivre, la justice sociale, la prise en compte de la réalité d’autrui. Pour se faire entendre et pratiquer ce rite de purification qu’est le baptême, Jean a choisi le désert, dans lequel lui-même avait établi sa demeure.

Le temps de la méditation

Pourquoi le désert ? Parce que c’est un lieu de vérité où les faux-semblants tombent, où l’on apprend à se connaître, où les distractions se raréfient, laissant la place aux questions fondamentales. C’est le lieu par excellence de l’écoute, où la Parole peut se déployer : « Mon épouse infidèle (Israël) […], je vais l’entraîner jusqu’au désert et je lui parlerai cœur à cœur. […] Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse » (Os 2, 16-17). Or le désert ne relève pas tant de la géographie que d’une disposition intérieure, qui consiste à ne pas s’étourdir de paroles, d’activités, de relations, à ne pas s’encombrer d’une recherche incessante du « toujours plus », à faire face à ce qui nous habite de lumineux comme de plus sombre, à ne pas considérer l’autre en fonction de notre intérêt. Seuls l’Esprit et la perspective du cœur-à-cœur peuvent nous donner la force de changer quelque chose dans notre existence, de manière ajustée tant à ce que nous sommes qu’à la Bonne Nouvelle du salut.

Le temps de la prière

« Que ton visage s’éclaire et
nous serons sauvés. » (Ps 79, 4) 

Emmanuelle Billoteau, ermite