Lectio Une parole à accueillir dans l’inconfort

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Livre du prophète Habacuc 1, 2-3 ; 2, 2-4

Le temps de la préparation

« Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. » (Ha 2, 4)

Le temps de l’observation

Le prophète fait le récit de l’écart qui nous sépare de Dieu dans notre compréhension du monde. Le juste constate que le monde va mal, que la violence et la méchanceté existent et qu’il se retrouve impuissant. Il ne peut changer ce qu’il voit et l’incompréhension du fait que Dieu ne fasse rien rajoute de la souffrance à la douleur. Dieu constate cet écart et propose au juste de s’asseoir et d’écrire une vision qui devra s’accomplir le moment venu. Bizarrement, Dieu semble rajouter de l’écart à l’écart. Face à l’incompréhension qui assaille le juste, Dieu lui demande d’être en capacité d’accueillir la distance qui le sépare de la paix ou de la sérénité. Au lieu de combler le manque, Dieu le creuse. Il demande au juste de ne pas se résigner et de ne pas perdre pied. La vision de ce qui doit s’accomplir permettra au juste de voir plus loin que ce qu’il constate. Elle fonctionne comme une flèche lancée loin devant pour indiquer le chemin.

Le temps de la méditation

Ce texte raconte nos écarts. Nous aussi sommes confrontés à des situations insatisfaisantes voire douloureuses, situations d’injustice ou de misère. Le risque est de désespérer de l’humain, puis de Dieu. La parole prophétique est une réponse à ces moments de profonds inconforts. Que serait une réalité accomplie ? Comment devrait être la situation si elle était normale ? Prendre conscience de ce qui devrait être aide à retrouver une clarté, une boussole, une direction. Cela permet aussi de ne pas cautionner ce qui se passe, de ne pas se laisser influencer ou corrompre. Dieu appelle le juste à habiter l’écart sans jamais oublier que le mal ou la misère ne sont pas acceptables. En assumant cette tension, il permet à d’autres de percevoir l’inacceptable et de participer à tout ce que Dieu fait pour, à sa façon, changer les choses. Le prophète montre que les fins dernières concernent d’abord notre monde et sa réalité.

Le temps de la prière 

« Venez, crions de joie
pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! » (Ps 94, 1-2) 

Marie-Laure Durand, bibliste

Éditorial d'août 2025
Jean Grou

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