Commentaire Vigilance et spontanéité

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On pourrait croire, à imaginer Abraham « assis à l’entrée de sa tente [.…] à l’heure la plus chaude du jour », qu’il somnole doucement, alangui dans de vagues rêveries. Le texte biblique réfute rapidement cette image. Dès qu’il relève les yeux, Abraham reconnaît le Seigneur dans les trois hommes qui lui sont apparus et réagit de la manière la plus appropriée possible en lui disant, en somme : « Reste avec moi ! » La spontanéité d’Abraham provient donc du fait qu’il était en état de veille, au sens le plus actif du terme : il guettait. Autrement dit, il priait. La Bible est remplie de ces personnages qui agissent promptement, sans hésitation, lorsqu’ils perçoivent que Dieu leur rend visite. Un autre exemple est celui de Matthieu, qui quitte tout dès que Jésus lui dit : « Suis-moi. » On peut avoir l’impression que ces passages manquent de vraisemblance. Pourtant, la « sainte spontanéité » qu’ils dépeignent, pleine de joie et d’assurance, est bel et bien l’un des fruits d’une disposition intérieure d’écoute spirituelle. Nous en avons un exemple parfait avec Marie, la sœur de Marthe. Bien que cette dernière soit occupée à un service utile, elle n’a pas saisi aussi bien que Marie ce que l’instant exigeait : le Seigneur est là, écoutons-le. Puisque Dieu, par respect pour notre liberté, ne fait jamais irruption dans notre vie avec tambour et trompette, le silence nous est nécessaire pour le reconnaître – et plus encore pour être prêts à le suivre prestement, au moindre de ses signes.

Quand ai-je eu, pour la dernière fois, le sentiment net d’être visité par Dieu dans ma vie ?
Est-ce que je me ménage des temps de silence, en marge de mon affairement quotidien ? 

Jonathan Guilbault, directeur éditorial de Prions en Église Canada

Éditorial de juin 2025

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