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Éditorial du mois

Éditorial du mois de juillet

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Décrochez!

Nous sommes une bonne majorité à prendre nos vacances estivales en juillet. Même pour les retraités, ce mois s’accompagne souvent d’un changement bienvenu du quotidien: escapades au chalet, visites des petits-enfants, longues soirées d’été à veiller sur le balcon, etc. Les occasions de prendre congé des activités qui nous occupent le reste de l’année se font plus nombreuses. On a la tête ailleurs. En ce sens, juillet est un temps de «décrochage».

En apparence, rien n’est plus étranger à la foi chrétienne que de décrocher. Paul nous rappelle qu’il faut «prier sans relâche» (1 Thessaloniciens 5, 17). La parabole des jeunes filles sages et des jeunes filles folles (cf. Matthieu 25, 1-13), comme celle des serviteurs qui ne doivent surtout pas s’endormir en attendant leur maître (cf. Marc 13, 33-37), font de la vie chrétienne une quête de vigilance, de persévérance, de fidélité.

Loin de moi l’idée d’étouffer cet appel à la constance, répercuté chaque jour par la liturgie de l’Église. Cependant, il y a bel et bien un art évangélique du décrochage. Quand Jésus répond aux gens qui opposent, à son enseignement, tel précepte, tel verset de la Torah, telle coutume, c’est en quelque sorte un vibrant «Décrochez!» qu’il leur lance. «Décrochez de vos habitudes de pensée qui vous empêchent de voir l’essentiel; de votre savoir qui vous voile la volonté de Dieu; de vos hiérarchies qui vous dissimulent qui est réellement votre prochain.»

Il m’arrive souvent de croiser des chrétiens ou chrétiennes qui interprètent tout événement, aussi insignifiant soit-il, comme des signes de Dieu. Il y a ceux et celles, aussi, qui cherchent maladivement dans la Bible ou dans le Catéchisme de l’Église catholique des directives morales pour chaque seconde de leur existence.

Décrochez! Dieu n’est pas cet Œil qui vous scrute en permanence, avide de vous prendre en défaut. Il n’est pas non plus ces Mains qui manipulent sa Création pour multiplier les conseils subtils à votre intention. C’est réduire Dieu à bien peu. Et prendre le christianisme pour une religion figée au lieu d’une foi vivante.

Tout comme les vacances et les voyages nous permettent de prendre un peu de distance par rapport à la course folle de nos vies, la prière et la célébration de l’eucharistie devraient être des temps bénis pour prendre du recul. Pour nous regarder vivre avec les yeux de Dieu.

Nous sommes conviés, en même temps, à la stabilité et au changement. À la continuité et à la rupture. À la constance et à la conversion. Décrochons donc, mais pour être plus fidèles.

Jonathan Guilbault