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Éditorial du mois

Éditorial d’octobre 2023

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Enracinés comme les saints

Octobre, pour moi, c’est le mois des saints. Certes, le calendrier liturgique en célèbre davantage à d’autres périodes de l’année. Mais en octobre, on fait mémoire de trois des figures de sainteté qui m’inspirent le plus: les deux Thérèse et François d’Assise.

C’est d’autant plus marquant que j’admets volontiers être un «tiède» au sujet des saints et saintes que l’Église aime mettre en valeur. D’une manière générale, j’estime que leur vie est «romantisée» à souhait par le souci d’en faire des modèles pour les croyants et croyantes. On retient de leur biographie surtout ce qui fait notre affaire, comme catholiques.

Les zones d’ombre que l’on découvre aujourd’hui dans l’existence de personnes au destin d’exception, comme Jean Vanier et nombre de fondateurs de communautés, nous incitent à la plus grande prudence quant aux vies qui nous apparaissent comme brillantes et fécondes. Si nous pouvions scruter les gestes des saints de l’Antiquité et du Moyen Âge avec la même acuité que ceux de nos contemporains, nous risquerions d’avoir quelques mauvaises surprises…

Mais il ne faut pas généraliser. Je crois bel et bien qu’il y a une forme d’abandon à Dieu qui n’est pas hypocrisie ou fanatisme. Un héroïsme qui porte la marque de l’Éternel. Une radicalité dans la confiance et le courage qui peut transformer avantageusement le monde et les âmes.

Il est donc tout à fait approprié de proposer à notre regard de foi des trajectoires de vie qui nous émeuvent et nous inspirent. Tant d’événements et de paroles, dans notre quotidien, suscitent en nous paralysie, tristesse, confusion. Nous serions bien insensés de lever le nez sur l’antidote à ces forces négatives, c’est-à-dire l’exemple de gens qui ont pris au sérieux cette bonne nouvelle: l’amour est plus fort que la mort.

Chacun de nous est «ressuscité» par des manifestations différentes de sainteté. De mon côté, je suis toujours ébahi par ces personnes qui ont montré de la constance dans l’amour concret du prochain, y compris quand les frontières entre le bien et le mal semblaient brouillées ou inexistantes. Ce furent des «enracinés» en Dieu, car ils sont restés fermes dans les tempêtes.

Et c’est bien là le sens premier de «radical», provenant du latin radix, c’est-à-dire racine. Le mot sonne mal à nos oreilles, aujourd’hui, car on se méfie à raison des extrémismes et des gens qui, dans leurs actes ou dans leurs jugements, manquent de modération.

Mais être radical peut aussi signifier retourner aux racines et en tirer les conséquences qui s’imposent. La liturgie fait de nous des radicaux en ce sens: à chaque célébration, nous retournons aux sources de notre foi, pour y plonger nos racines.

Jonathan Guilbault