Éditorial du mois

Éditorial de décembre 2025

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Meubler son attente

Pour la plupart d’entre nous, attendre n’est pas une expérience des plus agréables. Faire la file pour passer à la caisse, patienter au bout du fil jusqu’à ce qu’un préposé se libère ou voir son nom inscrit sur une liste d’attente, on s’en passerait bien, non?

Alors lorsque, chaque année, la liturgie de l’Avent nous rappelle que nous, chrétiens et chrétiennes, sommes un peuple en attente, il y a de quoi nous demander si nous ne sommes pas un peu masochistes… En fait, non, parce que nous croyons que cette attente a du sens, que le jeu en vaut la chandelle. Mais qu’attendons-nous au juste? Spontanément, durant l’Avent, nous pensons à la fête de Noël. Cette période, en effet, est destinée à nous préparer à célébrer la naissance de Jésus à Bethléem.

C’est bien vrai, mais ce n’est pas tout. Voici ce qu’en dit la Présentation générale du Missel romain: «Le temps de l’Avent a une double caractéristique: c’est à la fois un temps de préparation aux solennités de Noël, où l’on commémore le premier avènement du Fils de Dieu parmi les hommes, et un temps où, par ce souvenir, les âmes sont tournées vers l’attente du second avènement du Christ à la fin des temps.» (Normes universelles de l’année liturgique et du calendrier no 39) Il y a donc deux volets. Le premier va de soi: la préparation à la fête de Noël. Le deuxième, l’attente de la venue du Seigneur «à la fin des temps», est peut-être moins évident, car il renvoie à une réalité lointaine, sur laquelle nous n’avons aucune prise. Aussi, je préfère m’en tenir à quelque chose de plus concret et me demander comment je pourrais meubler mon attente. «Meubler mon attente»; j’aime bien cette expression. Comme si l’attente était une maison ou une pièce à aménager avec des éléments à disposer de façon à «tenir le fort» dans les meilleures dispositions possible. Alors, jouons le jeu de la métaphore domestique et voici en quoi pourrait consister le «mobilier» de mon attente durant ce temps de l’Avent.

Tout d’abord, une commode avec de grands tiroirs dans lesquels ranger une bonne réserve d’espérance. Ensuite, une causeuse pour dialoguer avec un proche ou un étranger, question d’éviter de m’enfermer sur moi-même. Puis un tableau représentant la nature, afin de rendre grâce pour la beauté de la création et me rappeler l’importance de la préserver. Enfin, une lampe de lecture, pour continuer à fréquenter les Écritures et m’en nourrir.

Voilà quelques idées folles. Et vous? Comment comptez-vous meubler votre «salle d’attente» de l’Avent cette année?

Jean Grou